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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 14:05

Avec son frère Carlo, Pietro Paladini passe un après-midi à la plage. Soudain, ils entendent des cris. Deux femmes sont en train de se noyer. Les deux frères les secourent, sans un remerciement de la part des familles. En rentrant à la maison, Pietro aperçoit les pompiers, et dans son jardin, le corps de sa femme sans vie. Le choc est tel que Pietro décide de tout arrêter, et passe ses journées sur un banc en face de l’école de sa fille, au calme. C’est sans compter sur ses proches, qui ramènent dans son refuge tous leurs problèmes.

Nanni Moretti serait-il condamné à porter le deuil ? Après son propre film, La chambre du fils, où il perdait un enfant, le voici en père veuf qui fait un choix de vie radical. Le comparatif s’arrête là. Car au travers de cette histoire de deuil, Caos Calmo s’attache surtout à dépeindre le choc entre une société instable, pressée, et un homme dont l’immobilisme effraie. Mais de celui qui inquiète, il devient, au fil du récit, celui qui réconforte.
A travers des séquences touchantes (et une surprenante longue scène de sexe), des dialogues souvent drôles, et des personnages attachants, Antonello Grimaldi livre une adaptation réussie du roman de Sandro Veronesi, prix Fémina étranger 2008. Si le reconnu Nanni Moretti est excellent, on notera également un joli casting français, avec Hyppolite Girardot, Denis Podalydès, Charles Berling et même… Roman Polanski.



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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 10:37

Miloud Oukili a la vingtaine lorsqu’il débarque à Bucarest avec une œuvre humanitaire. A la gare, il remarque des enfants qui mendient, portent les bagages des voyageurs, et sont ignorés de la plupart. Touché, Miloud s’intéresse de plus près à ces gamins et découvre qu’ils sont des centaines à dormir dans les égouts de la ville. Orphelins ou simples fugueurs, ils vivent de petits vols, sniffent de la peinture ou se prostituent pour survivre. Avec sa formation de clown, il va peu à peu les apprivoiser, et tenter de les aider.

Avec Pa-Ra-Da, Marco Pontecorvo est le premier réalisateur à porter à l’écran la vie de Miloud Oukili à travers une œuvre de fiction. Car l’histoire vraie, et toujours en cours, de ce clown franco-algérien, avait déjà fait l’objet de documentaires. Plus facile sans doute.
Marco Pontecorvo a lui choisi de multiplier les difficultés pour sa première réalisation en solo. Ce directeur-photo pour de nombreux longs-métrages, mais également sur la série américaine Rome, a donc tourné en Roumanie avec des enfants des rues. Il livre ainsi un récit qui parvient à ne jamais tomber dans le pathétique ou le larmoyant, grâce à des acteurs qui sonnent juste, et pour cause.
Portrait réaliste, où petits espoirs et grand désespoir se mêlent, son film parvient à toucher au cœur, notamment grâce à un Jalil Lespert complètement investi. Pour le film, l'acteur a appris à jongler, cracher du feu, faire du monocycle, mais a également travaillé avec des enfants qui prenaient un malin plaisir à le taquiner... à coup de poing. Mais c'est au final, le film qui y gagne en crédibilité, et en émotion.



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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 10:33

Au début des années 90, Giulio Andreotti règne depuis plusieurs années sur le parti de la Démocratie Chrétienne. Bientôt, il va reprendre les rênes du pouvoir en étant une nouvelle fois nommé président du conseil. Mais son retour est entaché par des scandales, des meurtres et l’assassinat encore dans les mémoires d’Aldo Moro par les Brigades Rouges. Autour de lui, les alliances se nouent, et se dénouent, souvent à coup de pistolets.

StudioCanalIl Divo est une sorte de ballet, chorégraphié d’une main de maître par Paolo Sorrentino. Chaque danseur, chaque saut de chats est orchestré au millimètre pour offrir un grand spectacle tout en mouvements, en silences subits et en envolées lyriques.
Sur un sujet politique sulfureux, Paolo Sorrentino choisit d’éviter le récit documentaire pour livrer un film où l’imaginaire et le burlesque prennent le dessus. Son Andreotti semble tout droit sorti d’un dessin-animé de Tim Burton, dos voûté et démarche saccadée, ses choix musicaux vont de l’électro-rock de Cassius à la Pavane de Gabriel Fauré, et sa mise en scène privilégie le symbolisme au réalisme. Comme un skate-board roulant au milieu de politiques en costume noir, Il Divo joue l’ironie dans la cour des grands.
Ainsi, le film réussit à intéresser tout ceux pour qui l'histoire politique italienne est aussi familière que celle du Kurdistan. L'ouverture composée d'une avalanche de noms et de surnoms laissait supposer la nécessité de tous les retenir, et de comprendre les tenants et aboutissants de chaque rebondissement. Mais en choisissant le surréalisme et le style, Paolo Sorrentino parvient à combler les néophytes tout en s'assurant un fond solide.
Le Grand prix du jury obtenu cette année à Cannes aurait pu être un fardeau pour le film phare de cette compétition, mais Il Divo ne l'a pas obtenu sans raison.


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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 10:28

A Palma di Montechiario, sur la côte sicilienne, on vit presque coupé du monde. Terre de migrants et d’immigrés, elle voit ses fils partir pour l’Allemagne à la recherche d’un meilleur emploi, et retrouve sur ses plages les corps sans vie de clandestins dont la traversée a été fatale. Ali a eu plus de chance. Récupéré par un paysan, il va se faire embaucher au noir dans une exploitation agricole. Gaetano lui est un enfant du pays. Sa mère est morte ici, mais son père a choisi l’Allemagne pour ramener de l’argent. A son retour, il souhaite voir Gaetano le suivre. Mais le jeune homme ne veut pas partir.

Terre aride que l’imaginaire collectif associe automatiquement aux grandes familles mafieuses, la Sicile est aujourd’hui au cœur de nombreuses difficultés, et à l’arrivée fréquente d’immigrés. Financé par la ville de Palma di Montechiario, le film de Nello la Marca n’est pourtant en rien un plaidoyer touristique pour la commune.
Comme son titre l’indique, le long-métrage s’intéresse véritablement à cette terre sicilienne, auxquels les deux personnages principaux s’accrochent sans savoir pourquoi. A travers des musiques lancinantes, presque oppressantes, et des choix scénographiques assumés, le réalisateur livre un film particulier, à l’image de cette terre.



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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 10:29

L’histoire. Giovanni et Lucia fêtent le premier anniversaire de leur fils Paolo. Alors que le petit est enfin couché, ils dînent, et Giovanni annonce qu’il veut faire une pause dans leur relation. Ceci devant un cameraman et un ingénieur du son, qui les suivent pour un documentaire sur la précarité des intermittents du spectacle. Leur propos prend donc un tour complètement différents et les documentaristes se séparent, suivant chacun l’un des protagonistes de cette rupture.

D’un postulat de départ original, qui aurait pu permettre une analyse en style documentaire des relations de couples, Anna Negri choisit de faire une comédie colorée et enlevée, et privilégie les répliques faciles. Oubliant le pseudo aspect documentaire de son film, elle choisit de ne pas en prendre les contraintes. Exit donc l'image qualité DV et le réalisme d'un tournage de documentaire, place au scène de sexe devant la caméra, aux crises de couples sans pudeur, etc, etc. Le sujet aurait pu permettre quelque chose de vraiment original, mais Anna Negri enfonce des portes ouvertes. Comme c’est une femme, les hommes en prennent un peu pour leur grade, même si le professionnalisme de la réalisatrice tente d'éviter la caricature.



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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 10:25

L’histoire. Elena et Carlo sont blancs, ont une jolie petite Giovanna, et vivent heureux dans leur appartement romain. Elena se dévoue pour une association d’aide aux Africains, peut être pour combattre l’éducation quelque peu raciste de ses parents. Son collègue sénégalais, Bertrand, a lui aussi une jolie famille, une femme superbe, Nadine, et deux enfants charmants. Lors d’une conférence, Nadine croise Carlo, et tout bascule. Au départ, noire et blanc tentent de résister à l’attraction, mais finissent par céder. Leur amour pourra-t-il vivre dans un monde de racisme, de discriminations et de préjugés ?

Sur un sujet de société pas forcément marrant, Cristina Comencini choisit la comédie, et joue sur les mots, les expressions et les petites choses du quotidien où noir et blanc se heurtent. Très inspirée par son sujet, la réalisatrice parvient à faire rire tout en évitant la facilité d’un simple racisme du blanc envers le noir. De chaque côté de ce couple mixte, les préjugés se révèlent, entraînants les personnages vers des questionnements plus profonds, et des choix de vie. Sauf qu'on n'évite pas les rebondissements propre une comédie romantique de bas-étage, le genre auquel on ne croit pas une seconde. Certes, Fabio Volo et la Française Aïssa Maïga dont on découvre le parlé italien sont très attachants, mais on pouvait espérer mieux qu'un simple marivaudage sur un tel sujet. Drôle, mais quelque peu décevant.



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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 10:20

L’histoire. En 1938, Michele vit avec sa femme à Bologne. Mais le véritable amour de sa vie est sa fille, Giovanna. Giovanna n’est pas vraiment jolie et très naïve. Elle s’éprend d’un garçon, et par jalousie, tue sa meilleure amie. Le crime fait scandale, d’autant que la jeune morte est la nièce d’un sénateur. Les médecins parviennent à démontrer que Giovanna souffre de troubles mentaux, elle est internée. Mais Michele refuse de l’abandonner. Alors que l’Italie sombre dans la guerre, il va rendre visite à Giovanna, quitte à s’installer auprès de son hôpital.

Très intéressé par l'histoire de son pays, Pupi Avati filme à nouveau une Italie passée, celle des années de fascisme. A travers une histoire de famille, c’est toute cette période troublée qui défile. Mais ces événements restent une toile de fond, qui expliquent les tons ocres et la belle photographie d’un long-métrage très maîtrisé. En son centre, Silvio Orlando interprète avec pudeur un homme foncièrement bon, qui refuse d’abandonner sa fille malgré ses actes. Sa performance a d’ailleurs été saluée à la dernière Mostra de Venise par un prix d’interprétation masculine. A ses côtés, la jeune Alba Caterina Rochwacher réussit le difficile pari d’interpréter avec crédibilité un personnage atteint de folie.



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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 10:13

Ah les seventies ! Epoque bénie du flower-power, des excès et du rock’n roll. Une décennie faste en changements, sur laquelle les cinéastes portent souvent un regard nostalgique. Et c’est souvent en musique qu’ils les évoquent. Quand Cameron Crowe s’attache au parcours d’un jeune fan dans Presque célèbre, d’autres préfèrent la biographie musicale comme Ray, ou I’m not there sur Bob Dylan. Lascia perdere Johnny ! est plus subtil, puisqu’il s’inspire des récits de Fausto Mesolella, guitariste qui signe, par la même occasion, la bande-originale du film.

L’histoire. Dans la petite ville de Caserta, Fausto joue de la guitare électrique pour la fanfare du coin. Il espère de leur impresario, Raffaele, un contrat de travail qui lui permettrait d’éviter le service militaire. Un jour, Raffaele semble trouver un filon, en la personne de Augusto Riverberi, ex-amant d’une star de la chanson également musicien. Si la pseudo-célébrité traite d’abord Fausto comme son larbin, il va petit à petit découvrir le potentiel du garçon.

S’il est question de musique, Lascia perdere Johnny ! se révèle bien plus proche d’un film initiatique que d’un énième hommage à la révolution musicale d’une époque. Fausto aime la musique, qu’elle soit ancienne ou nouvelle. On suit donc les aventures d’un jeune un peu naïf, pas franchement rebelle, et toujours optimiste. Même quand les déconvenues s’accumulent. On se demande parfois où Fabrizio Bentivoglio veut en venir, dans ces errances sans but d'un héros qui se laisse porter. Mais le tout a une fraîcheur indéniable.



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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 10:55

Même si les blockbusters aiment les jeunes filles sexy et les beaux jeunes hommes musclés, la jeunesse n’a pas le monopole du cinéma. Et de plus en plus de films s’intéressent à cette part de la population grandissante, ces « vieux » qui ne savent parfois plus où s’intégrer. Cela donne des drames comme Loin d’elle de Sarah Polley, des comédies mordantes à la Tatie Danielle, voire même des polars comme le récent Cortex, de Nicolas Boukrief. Mar Nero prend un parti plus réaliste, et filme la rencontre de deux générations, de deux femmes que le temps et l’origine opposent.

L’histoire.
Gemma vient de perdre son mari, et se retrouve seule dans son appartement florentin. Alors son fils embauche une aide à domicile. Elle s’appelle Angela, et arrive de Roumanie pour économiser et fonder une famille, là-bas, avec son mari Adrian. La cohabitation s’annonce difficile, car Gemma est dotée d’un fort caractère, tendance veuve acariâtre. Pourtant, petit à petit, les deux femmes se découvrent, et sympathisent.

Film d’une sobriété rare, Mar Nero avance ces pions à pas de loups. Séquence par séquence, avec cohérence et justesse, l’intrigue se développe, se densifie, sans jamais chercher l’esbroufe. Réaliste, proche du documentaire, le film s’appuie sur des dialogues touchants, mais surtout sur l’alchimie entre deux actrices. Dorotheaea Petre est une jolie Roumaine discrète, Ilaria Occhini une vieille femme qui semble revivre au contact de cette jeunesse. Cette dernière a d’ailleurs obtenu un prix d’interprétation à Locarno cette année. Avec une lenteur qui pourra ennuyer certains, Mar Nero développe une histoire des plus touchantes, car terriblement actuelle.



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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 10:54

C’est une déconvenue que beaucoup connaissent, ou ont connu. Le chômage des sur-diplômés, ou plus simplement l’absence de débouchés après un bac + 5 (voire plus), est un fait de société établi. D’autant plus touchées, les disciplines purement intellectuelles qui ouvrent essentiellement sur le professorat, philosophie, littérature, etc. Certains, comme Tanguy dans le film du même nom, s’en sortent grâce à des parents aisés et disponibles. Mais la majorité doit se débrouiller.

L’histoire.
Marta a 24 ans, et lorsqu’elle empoche sa licence de philosophie avec mention, l’avenir semble lui sourire. Le retour sur terre va être rapide, Marta ne trouve pas de travail, et finie baby-sitter de la petite Lara. Sa mère, une jeune fille paumée, travaille dans un centre d’appel. Elle fait embaucher Marta, qui découvre alors ce monde presque idyllique. La journée commence par une chorégraphie joyeuse, la chef est charmante. Mais peu à peu, le décor se fissure, et la vérité d’un travail précaire se révèle.

En ouvrant sur une séquence dans un bus, où tout le monde, des piétons aux passagers, danse sur les Beach Boys, Tutta la vita davanti démarre en trombe. D’autant que cette attaque imaginaire et irréaliste n’est pas innocente. Quelques instants plus tard, on découvre l’héroïne réalisant avec ses collègues une chorégraphie dans son centre d’appel. Et on croit que l’illusion se poursuit. Sauf qu’il n’en est rien. La réalité est de retour, et l’absurdité du tout marque le spectateur. A travers une héroïne positive, Paolo Virzi parvient à mettre en scène une société triste et malade sans dramatiser. Certes, le sujet aurait mérité un peu plus qu’une comédie aux rebondissements proches du théâtre de boulevard, mais un peu de rire et d’optimisme ne font pas de mal.



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